Vous n’avez plus les bons réflexes

Je suis une personne sympa.
… Je vous vois vous marrer au fond bande de fripouilles 😉 .
Non mais en fait c’est vrai je suis sympa, et ça surprend bien trop de gens, dans le bon sens et dans le mauvais car je n’ai ni retenue ni principe quand j’ai des raisons de mordre.

 

Dans un monde biberonné à Disney où les méchants sont entièrement méchants et les gentils totalement gentils (encore que ça a tendance à se niveler timidement? J’évite Disney), les gens ont tendance à ranger les autres dans la case la plus pratique. Toujours. A cause de ça, et peut-être de la bible aussi, il leur est malheureusement très compliqué d’admettre qu’une personne peut être gentille mais pas tout le temps, ou méchante mais pas que. On remarque qu’aucun effort lexical n’est fait aujourd’hui. C’est ainsi mes Michelines, on a la flemme, peut-être même qu’on fera des fautes à tire-larigot pour pimper tout ça.

 

A part avec les gens à qui “j’en dois une”, je suis sympa avec tout le monde et franchement ça se passe très bien. C’est même agréable d’être une personne sympa, c’est léger, ça donne l’opportunité à l’Autre d’être dans la même dynamique ou pas, puisque l’Autre fait bien ce qu’il veut et que dans l’absolu on s’en zguègue. Et je ne me force pas à être sympa car je ne sais pas me forcer à quoique ce soit, à moins d’avoir des raisons vraiment valables de le faire et il y en a [eu] excessivement peu. Me forcer me coûte un effort de malade, vraiment vous pouvez même pas imaginer je m’en roulerais par terre en hurlant… Peut-être pire même. D’ailleurs je ne force pas les gens non plus, ça passe parfois pour du je-m’en-foutisme mais c’est juste que comme j’attends rien, je les laisse faire. Je n’ai pas d’exigences les concernant, si ce n’est qu’ils soient déjà ce qu’ils sont, et ce sera très bien.

 

Si la plupart du temps on rencontre des gens sympas, certains ont la particularité de profiter de notre gentillesse et là… Ça couine.
Ça couine déjà pour les personnes qui utilisent la gentillesse comme protection: ne sachant pas gérer les conflits ils les évitent, et ne voulant pas de problèmes non plus elles utilisent cette caractéristique comme bouclier et finissent simplement se faire chier dessus. Et quand on est juste sympa et pas caché derrière une façade gentille, ça couine chez les autres.
Je n’ai aucune difficulté à être sympa car je le suis, ni difficulté à être désagréable car je le suis également. Si tu prends les jours où je suis vraiment mal virée, personne n’a de passe-droit pour m’approcher, mais comme j’en ai conscience j’évite tout contact. Encore faut il que les gens arrivent à le comprendre et ça c’est une autre paire de manches. Dans tous les cas, mes comportements sont la résultant de comportements extérieurs, partant de là: pas de feu pas de fumée.

 

Et c’est toujours un grand moment quand on vrille.

 

 

Je suis convaincue qu’on est tous sympas jusqu’à ce qu’on nous donne des raisons de ne plus l’être et que tout individu, aussi gentil et adapté socialement soit-il, devient nettement moins agréable dès qu’on franchit ses limites. Je ne fais pas exception à la règle et bien trop souvent, je suis… Étonnée de provoquer tant d’étonnement.

Parfois on ne se comprend pas, et si ça peut nous amener à des situations nulles, c’est pas non plus la peine d’en chier une pendule… Surtout quand je vois la taille de la mienne. Parfois t’es vraiment face à quelqu’un qui pense que l’élastique de la sympathie est éternel et qu’il peut tirer dessus indéfiniment. Au pire, s’il venait à se rompre c’est un élastique gentil. Jusqu’à ce qu’il claque pour de vrai et qu’il lui revienne dans la tronche là “t’es vraiment une personne bizarre” variante “tu n’es pas qui tu prétends être”, genre il l’a pas vu venir et il n’y est pour rien bien-sûr.
Y a rien de bizarre, jamais, y a que des choses qu’on ne connait/sait pas ou qu’on ne cherche pas à comprendre. Du reste on ne peut pas se sentir concernée par ce que les gens pensent que l’on est. Perso je ne prétends rien: j’ai la flemme donc je suis.
L’effet de surprise, puisqu’être quelqu’un de sympa qui finit par ne plus l’être après qu’on lui ait donné des bonnes raisons est une surprise a priori, est amplifié par le fait que – je m’en rends de plus en plus compte – je ne me perds plus en blabla. Je dis ce que j’ai à dire comme je l’ai toujours fait, mais je ne lance pas de warning, je ne laisse rien sur les réseaux, je ne cherche plus depuis longtemps à réorienter l’Autre quand ça part en couille. Je cherche juste à comprendre, quand ça en vaut la peine. Quand c’est vrillé, c’est vrillé et si la personne en face projette sa connerie sur moi, ça ne fait que consolider ma position, position qu’elle-même m’avait indiquée d’ailleurs.

 

Est-ce que la gentillesse est une faiblesse? Non, elle ne coûte rien quand c’est un choix, mais ce n’est pas un bouclier. Est-ce que les gens sont sympas pour tromper les autres? Non plus. Mais si un jour ça vous arrive de prendre un vieux retour de bâton que vous n’avez pas vu venir, c’est peut-être qu’à un moment donné vous étiez trop auto-centrés pour ne pas évaluer les risques de vous le manger.

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