Coucou la crise!

Depuis quelques semaines, ça part en couille. Je vais répéter un truc que vous avez déjà lu ici cent cinquante quinze fois en bientôt 22 ans*: je m’emmerde. Sauf que cette fois, c’est de l’emmerdement ++ hum… +++++++++, en vrai.
Ma surperviseure a statué [bien trop] joyeusement [à mon goût] sur une crise de la quarantaine, chose à laquelle j’ai répondu que c’était environ la vingtième en quarante ans et que ça commençait à me fatiguer, mais qu’effectivement celle-ci est un peu plus chiante que les autres. Je l’ai vue avoir son illumination quand j’ai parlé de m’acheter une Porsche. Il est vrai qu’on est typiquement dans le cliché de cette crise, sauf que ma réflexion date d’avant que ça commence, que c’est pas comme si c’était la première, Porsche ET crise d’emmerdement non plus.
Je me suis permise de lui expliquer à quel point c’était agréable de chialer en Porsche et que justement, comme en ce moment je peux chialer toutes les 4 minutes ça m’aiderait. Même si c’est pas le but et que je vais arrêter de chialer au bout d’un moment.
Les raisons de ma crise de la quarantaine, c’est que au choix: tout va mal, tout me fait chier, je m’en fous de tout, j’ai tout foiré, alors que sous anxiolytiques (je suis bien plus lucide détendue), je trouve que 90% de ma vie va bien ou… N’est pas si dégueulasse. Dans les faits Mathurin, j’ai réussi tout ce que j’ai entrepris. Mais je m’en fous, quand-même, y a rien qui va. Je sais que dans mon état normal je suis un peu tordue mais putain là, mettez-moi la palme d’or du non-sens avec supplément Golden Globe de pétasserie dans la tronche.
Donc si tu pensais que la crise de la quarantaine c’était de ne pas supporter d’avoir 40 ans: pas du tout.
Du coup qu’est ce qu’on fait, quand on traverse une crise de la quarantaine? Bah on se recentre, on fixe des nouveaux objectifs et/ou on réévalue leur réalisabilité et tout le niania de psy. J’en ai déduit qu’une Porsche électrique serait peut-être mieux qu’une thermique… Ne me jugez pas, ma superviseure l’a déjà fait hein et puis je pars de loin: je suis sur un terrain de je-m’en-foutisme gluant. Le furoncle sur la quiche, c’est qu’en plus, je suis d’une ingratitude innommable. Ma satisfaction par rapport à quelque chose de positif dure environ 10 minutes, après: je m’en fous ça n’a pas de sens.
Je résume, mais vous n’imaginez pas à quel point ça me fait du bien de coucher tout ça ici, en ouverture à vos jugements sur lesquels je chie. Limite je vais déjà mieux. Limite.
Et puis la vie, la vie se pose là, il a fallu que pile maintenant, je reçoive mes nouveaux titres. Allez! Une occasion de plus d’être ingrate.
C’est vrai que ça fait 10 ans que j’exerce. Mes dix ans d’exercice, c’est plus de 400 patients et un parcours exemplaire… Sauf avec les pervers.es narcissique.s mais comme ces gens ne sont pas malades c’est les autres ça compte pas. Dix ans que je me bats avec mon syndrome de l’imposteur, dix ans que je ne prends pas plus de 15 jours de vacances par an, et dix ans et trois arrêts de travail: une grippe, le décès de ma mère, et le COVID.
Quand j’ai commencé mes études il y a 17 ans, on m’a retourné le cerveau pour faire ce merveilleux travail. Encore aujourd’hui c’est toujours désagréable d’être vérolée mais on s’y fait. En dix ans y a eu des pertes, une grosse perte financière pour me lancer déjà même si c’est la règle, et des pertes humaines. Je ne regrette rien, à part mes tunes. En dix ans y a eu des trucs hyper-gratifiants qui me sont passés par-dessus car j’avais la tête dans le guidon et pas le temps de les introjecter correctement. Des trucs hyper-positifs car pour moi il n’y rien de plus incroyable que d’aider les gens à se libérer de leurs vieux schèmes et à se réaliser. Et énormément, énormément de boulot. J’ai appris beaucoup aussi, en dix ans, professionnellement évidemment, mais aussi personnellement. Je socialise comme si j’avais fait ça toute ma vie, j’en copine même avec le maire. Si y a dix ans on m’avait dit ça… J’aurais lolé gras.
C’est bien, ce que j’ai fait, mais je n’en tire aucun bénéfice.
Après avoir ouvert l’enveloppe et compris ce que c’était, je me suis décomposée comme jaja en bas de l’escalier. Devant cette scène hautement improbable, si on avait pas été lundi mon banquier serait probablement sorti avec des kleenex une bouteille d’eau, peut-être même un papier quelconque à signer, et ça aurait été improbable aussi mais parfaitement plausible. A l’heure où je pense à tout planter pour devenir caissière car j’en ai plein le cul et que si j’avais su j’aurais jamais fait ça je deviens didacticienne et superviseure. Il y a de quoi être au moins contente… Sauf que là ça sonne comme une condamnation à faire ça encore pendant dix ans. J’aime mon job, c’est le job le plus absolu qui soit, mais c’est la plus grosse connerie de ma vie et je ne supporte plus la pression des charges sociales COLOSSALES.
Sur ce… Ca fait quelques jours que je dors 4h par nuit et je commence à accuser le coup alors je vais vous laisser ici. Je ferai une conclusion un jour, quand ce sera finit.

* Ce post est définitivement un post de vieille personne.

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