A quoi servent les amis ?

Il est fréquent que les personnes venant de traverser ou traversant des épreuves aient perdu une bonne partie de leurs amis. Parfois car elles ont souhaité s’isoler et qu’on ne les a pas attendues, parfois parce qu’elles se sont retrouvées mises à l’écart.

Malgré tout ce n’est pas systématique et la raison étant assez simple, je crois qu’il peut être utile d’en parler si ça peut éviter à quelques personnes de se retrouver dans cette situation désagréable qu’est un isolement non désiré, chose que je constate un peu trop souvent.

Le choix de l’isolement

Les gens qui s’isolent volontairement en cas de pépin ne le font en général pas dans le but de rejeter leurs relations amicales, encore faut-il qu’elles pensent à expliquer cette conduite afin qu’elle ne soit pas mésinterprétée. Le silence est rarement une bonne solution dans les relations, quelles que soient leurs natures, il incite aux conclusions hâtives et souvent névrotiques.

A côté de ça, bien que cet éclaircissement ait pu avoir lieu, une relation qui n’est pas entretenue dans le temps est une relation qui périclite. En ce sens, les personnes qui s’isolent volontairement quand elles rencontrent des épreuves doivent garder à l’esprit qu’à trop [longtemps] s’isoler, même si elles se sont expliquées, elles peuvent encore perdre des proches.

Simplement parce que la vie continue et qu’on s’habitue, bien ou mal, à l’absence de quelqu’un. Peut-être qu’on peut trouver assez froid ce que je viens de dire et peut-être qu’en un sens ça l’est, mais d’un autre côté, c’est aussi rassurant. Si on n’est pas indispensable dans la vie des autres, ces autres ne le sont pas non plus dans la nôtre. Peu importe qui on perd: on s’habituera.

Le choix de s’isoler n’est pas une mauvaise chose en soi, d’autant plus si on en ressent le besoin mais il faut rester conscient de tout ça.

L’isolement subit

Cet isolement peut arriver de deux manières.

Soit dès le départ la personne arrivant avec sa casserole qui déborde ne trouvera aucun soutien. A ce stade, peut-être que cette ou ces relations amicales ont été surévaluées et comme on dit: ça fait le tri, même si c’est désagréable.

Soit à la longue, si les problèmes persistent et que la situation ne s’arrange pas, mais! Est-ce une raison pour se coller la pression pour aller mieux et/ou pour être bien? Est-ce que le simple fait d’être affecté par une épreuve est le seul facteur faisant péricliter les relations?

Et bien non.

Si une amitié se base sur la confiance et sur la communication d’éléments personnels à l’Autre, elle n’en est pas moins friande de bons moments dans son process de construction et de pérennisation.

Une mise à jour de la fonction nécessaire

Quand on est ado voire encore un peu plus tard, les problèmes des potes sont limites distrayants dans une existence où l’on a beaucoup d’énergie et principalement que ça à foutre de jouer les béquilles.

Cette réserve d’énergie, que l’on a tous, n’allant pas vers le mieux, même si cette donnée reste fluctuante en elle-même, plus le temps passe et moins on en a. Et plus on s’immerge dans la vie d’adulte et plus les problématiques qui peuvent se présenter peuvent être lourdes ou ont d’autres enjeux plus importants. Très logiquement, on va donc avoir tendance à utiliser notre énergie pour nous, et celle à disposition de l’Autre va s’en trouver plus limitée. C’est un paramètre à prendre en compte car c’est la souche de tout le reste.

Tout le monde a ses merdes et ses préoccupations, personne ne peut réellement les régler ou les gérer à notre place. La vie d’adulte donc. Et ce n’est pas grave.

Partant de là, il semble bien plus évident que les amis que l’on a et que nous sommes nous-mêmes, ne pourront s’impliquer de la même manière que par le passé, il faut donc faire le deuil de cette amitié là.

Surcouche & point de rupture

On peut traverser des épreuves très lourdes, très graves, très longues et souvent je remarque que les gens confondent un peu le rôle de tout le monde ou surinvestissent leur cercle amical voire familial. Ce surinvestissement abouti à leur éviction du groupe quand l’amitié pour fonctionner n’a plus qu’un apport régulier de problèmes pour se nourrir, ou devrais-je dire, s’empoisonner. Pour bien comprendre le mécanisme, il n’y a qu’à se mettre à la place des amis qui reçoivent les confidences et les plaintes, souvent, sur de longues périodes. Au bout d’un moment, s’il n’y a que ça, vous allez tout simplement lâcher l’affaire.

Et les gens lâchent l’affaire dans un premier temps parce qu’ils se sentent inutiles, même si, être utile n’était peut-être pas nécessairement ce qui était attendu d’eux. Pour résumer: ils se font aspirer leur énergie pour rien, et souvent sans contrepartie.

L’idée n’est pas de garder ses problèmes pour soit ou pire: de faire comme si tout allait bien, mais plutôt de conserver un équilibre essentiel pour ménager les amis, et par extension, s’aider soi-même.

La répétition, cette grosse pute

Au final, quand on se retrouve isolé à la longue, ce ne sont pas les amis qui ne sont pas des vrais amis, mais juste la répétition d’événements désagréables qui pousse les amitiés dans le précipice.

Qu’est ce qui se passe dans une relation qui génère majoritairement que du désagrément? Et bien on finit par se séparer.

On traverse tous des périodes compliquées, on aura tous besoin de soutien à un moment donné et on oublie à quel point notre attitude est déterminante dans ces moments là.

Si on se laisse totalement absorber par nos problèmes, alors nos problèmes commenceront à diriger notre vie et par extension à la pourrir. Se laisser absorber par ses problèmes, on peut, et parfois même, on aura pas le choix car c’est eux qui vous nous absorber, mais l’idée est juste d’être vigilant pour que ça ne dure pas. C’est peut-être pas un choix de se faire absorber, mais c’en est toujours un d’y rester.

Du coup la suite est assez simple, si vos problèmes prennent trop ou toute la place dans votre existence, si ça prend trop ou toute la surface d’échange dans vos amitiés et qu’en plus vous ne côtoyez vos amis que pour vous épancher, bah ça se termine toujours mal parce qu’il n’y a pas d’équilibre et donc pas de positif pour contre-balancer tout le négatif.

Créer un équilibre

Certes quand on a la tête dans un seau de merde, c’est plus compliqué de penser à passer du bon temps, je l’entends. Mais vos problématiques vous attendront toujours sagement au petit matin, que vous ayez passé la nuit à vous amuser ou à regarder le plafond. La différence entre les deux sera que dans le premier cas vous aurez plus d’énergie pour faire face à votre seau de merde et donc plus de capacité pour trouver des solutions ou les mettre en route, alors que dans le second vous serez encore plus fatigués psychiquement et c’est le pire truc qui soit.

 

Au final, les amitiés ne se créent pas juste avec des problèmes, mais surtout avec des événements, même fugaces, plus positifs. De même qu’elles ne peuvent perdurer si on y injecte pas des moments agréables.

Avant de vous retrouver sur le carreau, essayez de vous en rappeler parce que se retrouver esseulé quand c’est pas son objectif, c’est un peu dommage.

 

Prenez soin de vous.

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